"Oktoberfest", j'y étais !
✩(Hoʂ Geldiniz : Bienvenus !)✩
Rien ne vaut un petit festival pour se sentir vivant. Forte de son lien avec l'Allemagne, Istanbul a voulu en ce début du moi d'octobre, amener Munich, ses bières, ses grands blonds en chaussettes vertes et chapeaux tyroliens à nos amis stambouliotes. Quoi de mieux que de célébrer l'amitié entre les peuples autour d'une bonne pinte de bière. (on peut se faire une vague idée de l'incongruité de ce festival décidant de prendre pied à Istanbul en s'imaginant les Vieilles-Charrues déplacées à Alger !). Le 9 octobre 2011, Istanbul à donc eut droit à son premier Oktoberfest, et risque de s'en rappeler pour longtemps. L'événement promettait d'être grandiose : plus de 16 000 participants sûrs rien que sur Facebook, des drapeaux dans toutes la ville...
Mais c'était sans compter sur le temps ! Comme son nom l'indique, cette fête de la bière se tient en automne et Istanbul ne s'était pas préparée à ce que le jour du festival précisément, il se mette à tomber des trombes d'eau sur la ville ! Malheureusement pour moi, un ami arabo-turque, Tarık, m'avait déjà acheté un billet. Je m'y suis donc rendue en se compagnie et celle de son meilleur ami, Selim, lâchée par mes colocataires, et la plupart des gens qui étaient censés m'accompagner et qui ont finalement optés pour une journée matage de film/chocolat chaud, lorsqu'ils ont vus le déluge qui s'abattait sur Istanbul...
Malgré certaines promesse non-tenues : plus d'une cinquantaine de marques de bières différente (je n'en ai trouvé que quatre), la promesse d'un gosier jamais sec (au moins deux ruptures de stocks de bière dans la soirée), et l'assurance de pouvoir profiter des quatre groupes de musiques les petons au sec (le festival qui se tenait dans le Parc Maslak ressemblait à une mare aux canard géante !), j'ai passé un fort bon moment.
Je me souviendrai toujours de ce premier festival en Turquie, de la joie de vivre des turques, qu'il pleuve, qu'il vente, qu'il pleuve très très très fort, qu'il vente très très très fort ! Lorsque les premières gouttes ont commencées à tomber, et que le gris noirâtre du ciel ait balayé tout espoir de réconciliation avec le beau temps, il y a eu pendant peut-être dix minutes une sorte de gros mouvement de déception, où tout le monde est allé se réfugier bien au chaud, et soudainement, les festivants ont semblé se dire : mais il y a de la pluie, autant en profiter !
Comme en témoigne cette petite vidéo :
Et là, une quantité impressionnante de gens, par rapport à la pluie qui tombait alors, est sortie dehors, à commencer à danser ou à s'embrasser sous la pluie, à former des farandoles !
L'ambiance était surnaturelle, de voir tous ces gens s'amuser le plus naturellement du monde sous une pluie battante, de voir des filles se déhancher sous leurs énormes k-way ou des gens agiter leurs parapluies faute de pouvoir le faire avec leurs briquets, tout comme de voir des pogos remplacés par de langoureux déhanchements orientaux aussi bien masculins que féminins !
Malheureusement, le froid frigorifique enduré toute la soirée a finit par briser le charme, et nous sommes repartis vers minuit, en direction de ʂiʂli où habite provisoirement Tarık. Course mémorable pour attraper le dernier métro, avant d'arriver dans la colocation de Selim, dite "L'appartement des minorités" (Tarık et Selim habitant Hatay, une ville arabophone proche de la frontière syrienne, dont mes deux amis appartiennent à la minorité religieuse alevi), composée d'un autre arabe et d'un kurde !
En fumant une dernière cigarette à la fenêtre de la cuisine, j'ai eu la bonne surprise de découvrir une mosquée joliment perchée sur un dédale de rues qui a illuminé la grisaille d'Istanbul tout aussi pluvieuse que la veille, et que j'ai réussi à immortaliser le lendemain matin, avant de repartir en cours :
Tout cela pour dire que ce neuf octobre d'une pluviosité peu commune je ne l'ai pas passé devant des séries sur Internet, mais qu'Oktoberfest, sa boue, ses chaussettes trempées, et sa chaleur humaine, j'y étais ! (A présent, si les organisateurs veulent délocaliser Glastonbury à Istanbul, qu'ils n'aient crainte : ils trouveront un public rôdé !)